PAULINE MORRIER-GAUTHIER
Membre de L'Ordre du Bleuet
Texte de Christiane Laforge
lu à la présentation de Pauline Morrier-Gauthier
au Gala de l'Ordre du Bleuet, le 15 juin 2013
L’histoire de Pauline Morrier-Gauthier se lit comme une partition de musique dont les portées, dominées par la clé de sol, ne supportent aucune pause. Quatrième enfant d’une fratrie de sept, elle vient au monde à Chicoutimi dans une famille où tout semble orchestré pour une vie dédiée à la musique. Son père, Yvan Morrier, directeur de la commission scolaire à Arvida, a été trompettiste dans la fanfare du Séminaire de Chicoutimi; sa mère, Flore Duhaime, a étudié le piano. Les grands classiques tournent sur le gramophone de la maison. À 5 ans, Pauline apprivoise le piano. Un an plus tard, elle joue devant public au Centre Georges-Vézina. Elle étudie la clarinette, la flûte à bec et l’orgue et fait partie de la fanfare d’Arvida que dirige Jean Back, le père du célèbre Frédéric auteur de L’homme qui plantait des arbres./p>
Curieusement, malgré l’omniprésence de la musique, Pauline songe plutôt à pratiquer la médecine, comme son grand-père. Hélas! La mort prématurée de son père scelle son destin. L’orpheline de 15 ans s’inscrit à l’école normale du Bon-Conseil. Mais, la jeune institutrice est happée par la musique. Elle étudie la flûte à bec avec Louise Lecomte à l’université Laval, où elle se familiarise avec différentes méthodes : Orff, Martenot, Mario Duchesnes, Michel Desroches. Elle y suit des cours en philosophie de l'art et poursuit sa formation en pédagogie du piano avec Marc Durand et pédagogie de la guitare avec Alvaro Pierri au camp musical du Centre d’arts Orford.
En 1960, enseignante au primaire, Pauline initie ses élèves au chant choral, suscitant un enthousiasme tel qu’ils s’inscrivent avec succès au concours de chorales de la commission scolaire d’Arvida. Les commissaires lui proposent alors d’enseigner la musique dans quatre écoles. Cette porte ouverte sur la musique accessible à tous, l’impétueuse pédagogue ne voudra plus qu’elle se referme. Non seulement elle multiplie les instruments, mais travaille en plusieurs lieux de formation. Outre les écoles publiques et l’Institut des arts au Saguenay où elle enseigne, elle conçoit un projet d’école privée sans but lucratif qui se réalisera en 1974 avec la participation de cinq co-fondateurs : Christiane Dion, Alain Gauthier, André Labbé, Thérèse Lafrance et Denise Morin. Tout en y enseignant, bénévolement les premières années, Pauline Morrier-Gauthier assume jusqu’en 2003 la présidence et la direction générale de l’école de musique d’Arvida, devenue l’Atelier de musique de Jonquière. Elle y aura formé trois générations de musiciens. Les 250 élèves du début, inscrits auprès de 13 professeurs dans dix disciplines, y ont envoyé leurs enfants et leurs petits-enfants. L’institution forme de 800 à 1200 élèves répartis dans une quarantaine de disciplines dispensées par plus de 35 enseignants. Réputée être la plus importante école de musique subventionnée de la province, L’Atelier de musique a remporté le prix de la catégorie qualité et services au Gala de l’excellence 2001 de la Chambre de commerce de Jonquière et deux fois le premier prix régional Essor du Ministère de l’Éducation du Québec.
Portée par ses convictions, Pauline Morrier met au service de sa cause toutes les ressources de diffusion possibles. Elle a non seulement organisé de nombreuses activités musicales, concerts, productions de spectacles, disques, comédies musicales, classes de maîtres, mais aussi créé et animé des émissions à la radio et à la télévision et fondé le journal, Des notes à ton oreille, qu’elle a rédigé de 1979 à 1996.
Membre fondateur de l’association des musiciens éducateurs du Saguenay–Lac-Saint-Jean, elle a siégé à plusieurs conseils d’administration d’organismes culturels dont la Société d’art lyrique du Royaume, le Rendez-Vous musical de Laterrière, Zones musique, le Conseil régional de la culture et le prestigieux Festival de musique du Royaume, créé par Gabrielle Gaudreault en 1992, à qui elle a succédé au poste de présidente et directrice générale en 2009.
Si l’enseignement dans les écoles publiques a occupé 44 ans de sa vie, c’est comme bénévole que Mme Morrier a reçu les plus grands honneurs. Nommé membre de l’Ordre des Vingt-et-un pour service exceptionnel rendu à la population régionale en 2008, elle a reçu le Prix Hommage bénévolat-Québec en 2010 et la Médaille du Lieutenant-gouverneur pour les aînés (médaille d’argent) en 2012.
Cette étonnante et infatigable pionnière ne fait pas dans la demi-mesure. Elle a voué toute sa vie sociale et professionnelle à la musique. Côté cœur, en 1964, rien de moins que le violoniste Alain Gauthier, co-fondateur de l’Atelier de musique. Côté mère, faut-il s’étonner? Sa fille aînée, Michèle, membre fondateur des Violons du Roy, est violon solo de plusieurs orchestres aux États-Unis. Renée-Paule, citée comme l’une des étoiles montantes de la génération des violonistes dans l’ouvrage de l'auteur américain Henry Roth, est directrice artistique du Rendez-vous musical de Laterrière. Ann, la benjamine, fait carrière dans les communications… au service de la promotion des artistes.
« Mon histoire bénévole est une histoire de musique et de passion. La musique c’est ma vie! », déclare Pauline. Sans hésitation, nous la croyons.
Le 15 juin 2013
PAULINE MORRIER-GAUTHIER
Pédagogue et administratrice visionnaire
Pour sa contribution exceptionnelle
à la promotion de la musique
fut reçue membre de L’Ordre du Bleuet
***
lundi 13 mai 2013
Pauline Morrier-Gauthier sur vidéo au Gala 2013
POURQUOI L'ORDRE DU BLEUET
L'intensité et la qualité de la vie culturelle et artistique au Saguenay-Lac-Saint-Jean est reconnue bien au-delà de nos frontières. Nos artistes, par leur talent, sont devenus les ambassadeurs d'une terre féconde où cohabitent avec succès toutes les disciplines artistiques. Cet extraordinaire héritage nous le devons à de nombreuses personnes qui ont contribué à l'éclosion, à la formation et au rayonnement de nos artistes et créateurs. La Société de l'Ordre du Bleuet a été fondée pour leurs rendre hommage. La grandeur d'une société se mesure par la diversité et la qualité de ses institutions culturelles. Mais et surtout par sa volonté à reconnaître l'excellence du parcours de ceux et celles qui en sont issus.